Voici un texte que j’ai écrit il y a une semaine suite au sacrifice du policier lors de la prise d’otage en France la semaine dernière :
Aujourd’hui en écoutant la radio : La mort de cet agent de police qui s’est sacrifié. Il a donné sa vie pour sauver la vie d’autrui.
Cet acte est l’acte absolu. Absolument tout le monde ressent cet acte au plus profond de lui-même. Avec gravité et respect. Un respect immense, profond, insondable, car chacun sent confusément que ce sacrifice la parle de l’homme. Ce sacrifice touche la fibre la plus intime de chacun. Chacun sent la grandeur et l’héroïsme de l’acte, comme dans toute tragédie du don de soi pour sauver autrui.
Cet acte nous unit.
Cet acte nous lie les uns aux autres car intuitivement nous nous reconnaissons en lui. Non pas pour fanfaronner et prétendre qu’on en aurait fait autant, mais au contraire. On sait, on a la certitude absolue qu’on assiste à l’acte de courage qui dévoile l’humanité même.
Et on sait, on voit, on sent au plus profond que ce geste-là est celui qui fait que l’homme est homme. C’est l’acte imparable. C’est la réponse imparable à la barbarie.
Non pas se sacrifier pour gagner une place dans le paradis de pacotille des faux religieux (acte qui est le summum de l’égoïsme), mais se sacrifier pour autrui.
Il est frappant que cet acte se passe la semaine de paques. Car il est comme là pour rappeler que l’acte sacrificiel du Christ n’est pas une apologie de la souffrance ou un acte pathologique mais touche à la racine de l’Etre. Un pays qui rend ainsi hommage à son héros résonne avec le sacrifice originel.
(J’espère qu’il est clair que je n’essaie pas de récupérer un évènement, mais d’exprimer la communauté d’expérience intérieure entre deux actes librement choisis : Se sacrifier pour sauver autrui.)
Dans l’ésotérisme chrétien l’acte créateur de l’univers est un sacrifice. Les Trônes sacrifient leur Etre et la première substance est créée. C’est notre origine même qui résonne à travers ce sacrifice. C’est le Moi profond, l’émergence à l’existence qui résonne. C’est mon origine et mon avenir.
Le sacrifié devient un héros, un exemple, un avenir possible. L’acte du sacrifice a vaincu la mort. C’est cela qui résonne si fort, qui donne cette gravité et ce respect universel.
Cette résonnance universelle est l’espoir de l’humanité.
Si un tel acte résonne en chacun avec tant de force, c’est parce qu’il représente l’humanité.
Et si chaque homme, ou même un nombre suffisant d’hommes et de femmes parvenaient à leur humanité, alors oui, je crois que le monde serait sauvé du désastre annoncé.
Dans cet avenir ou nous risquons de perdre la planète, un tel acte ramène l’espoir et la foi en l’homme.