La guérison ne passe pas par la volonté mais par l’aveu d’impuissance fondamentale à résoudre quoi que ce soit.
C’est alors l’arrêt de toute tentative de résolution.
C’est alors que s’allume, d’abord timidement, la flamme dans le cœur.
C’est alors que l’on renoue contact avec la flamme d’immortalité dans le cœur qui est le centre véritable, le seul immortel, inviolé, le centre d’Amour Vrai, non sentimental, le Guérisseur Secret.
De ce centre seul rayonne l’énergie d’Amour Juste guérissant.
Une énergie extrémement douce nait alors dans le coeur.
Ce centre réconcilié est le Médecin Vrai.
C’est pourquoi toute transformation fondée sur la volonté humaine manque ce centre : Tout est forcé, coloré par le vouloir humain, je dirai même sali par le vouloir humain.
Le vouloir est trop limité par l’intérêt personnel pour connaître la vraie guérison. Ses résultats peuvent être tangibles mais temporaires : Ce qui est fabriqué sera détruit, car c’est dans la nature de toute fabrication.
Tout cela est finalement de l’agitation. Cette agitation tourne autour du centre sans jamais l’atteindre : L’agitation manque le centre car elle est toujours empreinte d’orgueil.
C’est dans la réalisation de l’impuissance fondamentale que réside la douceur de l’amour guérissant.
Cet Amour ne lutte pas contre l’agitation : Il ne s’en préoccupe même pas. Il attend patiemment que ça se calme, que les essais de s’améliorer, de résoudre les problèmes s’épuise à leurs propres échecs ou pire encore cessent de se griser à leurs succès temporaires.
Tout s’agite sauf le centre et ce centre est l’ouverture à l’être réel, la perle, le Graal.
La perte ou l’éloignement d’un être aimé peut nous amener vers ce centre d’impuissance fondamentale si on réussit à traverser la douleur, à dirais-je au risque de choquer, aller plus profond que la douleur elle-même.
L’impuissance acceptée est la source vive, le puit intarissable, le feu qui se renouvelle de lui-même, la pierre philosophale. Elle est le mouvement de création de vie qui se déroule sans cause et sans but. Elle est ce qu’elle est.
Tout ce qui a une cause a un but et une fin, et manque donc l’infini.
L’infini embrasse ces cycles de causes et d’effets. Il les laisse se dérouler pour eux-mêmes : Tout cycle doit se dérouler suivant ses propres lois. Toute cause produit ses effets jusqu’à extinction de la cause elle-même.
Quand tout est dit, tout est fait, s’ouvre ou s’entrouvre la grâce.
L’accueillir est un art, la laisser s’épanouir est un art, la laisser agir à travers soi est un art.
C’est d’elle que procède toute guérison, toute beauté et toute philosophie.
Elle ne veut rien pour elle-même car elle est déjà tout.
Trouver un réceptacle qui la laisse s’exprimer est sa Joie.